RP MEUTE

[ Meute ]

La forêt offrait ses ombres factices à une jeune fille qui se glissait parmi les ténèbres avec une étrange facilité. Quiconque l’aurait aperçu se fondre ainsi dans la nuit aurait compris qu’elle n’était pas commune. Ses yeux de rubis étincelaient parfois dans l’obscurité, et sa démarche sauvage était souple et silencieuse. La jeune Quileute aurait pu paraître perdue si son visage n’avait pas été crispé par la résolution. Une fois de plus elle s’éloignait des autres. De ceux dont la peau était tiède, et la taille normale. Ceux qui vivaient dans le bonheur et la lumière, alors qu’elle côtoyait la nuit. Personne ne s’introduisait dans leurs esprits. Mais le sien était comme un livre ouvert pour ses semblables, et elle retardait donc sa transformation. Bientôt, elle pourrait percevoir les esprits des autres loups. Avec un léger soupir, Jill s’adossa à un arbre, rejetant la tête en arrière. Là, elle leva les yeux vers la cime des arbres qui filtraient le soleil pour le réduire à quelques faisceaux épars. La lumière nimbait son visage d’une aura de pureté qui la fit sourire amèrement. Elle était la meneuse d’une troupe qui se disait protectrice. Et pourtant elle-même portait du sang sur les mains. Elle examina machinalement ses paumes.
Intactes, lisses et dorées. Agacée que personne ne puisse lire le mal qui était sur elle, Jill frappa ses mains contre le tronc, et le sang coula. Des plaies s’ouvrirent, de simples écorchures, qui une fois de plus se refermèrent avant même qu’elles n’aient le temps de la faire souffrir, qu’elles ne puissent déverser leur parfum écarlate. Et l’alpha recommença, encore et encore jusqu’à ce qu’une goutte roule sur sa peau pure. Alors elle s’arrêta. La douleur était bien là, mais il ne substituait aucune marque des coups qu’elle s’était infligés. Satisfaite, Jill se détacha de son arbre, et baissa les yeux. Là, elle écarta légèrement les bras, et bondit. Ses jambes fines devinrent des pattes puissantes. Ses yeux cramoisis virèrent à l’ambre. Et elle écouta les pensées qui fusaient dans sa tête. Sa meute devait la rejoindre, aujourd’hui. Elle serait là, avec ses frères et sœurs, à filer dans la forêt, sans doute à la recherche d’une quelconque menace. La louve blanche marcha calmement jusqu’à la voix la plus proche. Son esprit bouillonnait de pensées embrouillées, mais elle se sentait étrangement apaisée une fois devenue animale. Il n’y avait plus la tristesse qu’elle éprouvait, la folie qui l’habitait, ses envies de repousser ses limites, de tester son envie de survivre. Elle oubliait l’amour pour le meurtrier, la haine pour les vampires, l’affection de son meilleur ami, qui dépassait l’amitié. La distance de sa sœur jumelle. Et l’incompréhension de Naomi qui bien que souffrant elle aussi ne pouvait comprendre ce que l’on ressent après avoir détruit celui dont on s’est imprégné, après avoir vu son frère se sacrifier pour vous sauver la vie, alors qu’on tombe lentement amoureuse d’un vampire sans doute plus coupable qu’il ne semblait l’être, et qui ne résistait pas à menacer sa carotide de sa bouche parfaite.

Mais sur son chemin, il y eut une présence humaine. Elle aperçut la silhouette de son bêta. Si Jill se sentait parfois prête à plonger dans la folie, elle était bien loin de rejoindre Shavaé. Ses crises se contentaient de la laisser triste, et prête à en finir avec les vampires, ce qui la conduirait au suicide. Shavée elle, n’était pas victime d’un simple mal-être. Elle incarnait la folie, et Jill ne parvenait pas à avoir peur d’elle. Ni à la mépriser. Au contraire elle en venait presque à l’admirer. La grande louve posa les yeux sur la jeune fille, qui paressait presque fragile sous sa forme humaine. Pourtant si elle se transformait, les choses changeraient. Et Jill le savait parfaitement. Elle posa son regard sur l’adolescente, avant de tourner les talons. Elle n’avait pas l’intention de redevenir humaine pour échanger quelques paroles décousues avec son bêta. Si elle devait être un livre ouvert, alors autant que l’histoire vaille la peine d’être lu. Qu’on se la murmure durant les longues nuits, qu’on la chuchote pour faire pleurer les enfants. Et qu’on lui offre le nom de légende.

[ And the sun can’t burn my skin, but you’re still destroy me. ]

[Oui ça fait mieux en anglais. Cherche pas. ]

Capucine grogna. Elle avait entendu ce signal, tous comme les autres loups qu'elle devinait non loin d'elle, rejoignant l'Alpha. En soupirant, elle enfila rapidemment une nouvelle robe puis sortit de sa maison. Elle allait devoir se transformer afin d'entendre chacunes des pensées de Jill. Elle retint un nouveau grognement peu humain car un garçon de lycée de Forks passa non loin d'elle. Que faisait-il ici, dans cette forêt ? Ho, mais oui, tu veux juste te promener ? Mauvaise idée, tu pourrais avoir la peur de ta vie. Ne t'enfonce pas trop dans les bois, fragile créature, ou tu pourrais payer cette erreur de ta vie. Au revoir, ou sûrement adieu, pauvre humain. La jeune fille ne put retenir un sourire sadique puis elle laissa ses jambes la guider vers le lieu de rendez-vous perdue dans ses pensées les plus sombres. Si seulement elle avait été plus forte, si seulement elle s'était contrôlée, si seulement elle avait étudié la sitation avec plus de patience et de tolérance, il ne serait pas mort, elle ne l'aurait jamas tué. Elle soupira une nouvelle fois. Ce n'était pas avec des " si " qu'on changeait le monde, autrement, tout serait trop simple. Puis elle commença à apercevoir des silhouettes entre les arbres. A part Abigaël, il y avait aussi deux autres personnes et une louve blanche qu'elle reconnut comme sa " chef ". Elle détestait penser ça, mais c'était la vérité. Puis elle vit suffisament les traits des membres de la Meute pour savoir qu'il y avait une fille très jolie avec ses cheveux longs et bruns et un garçon avec des cheveux mi-longs bruns foncés. Elle réfléchit pendant un instant si elle devait se transformer ou non, puis elle décida de garder son apparence humaine pour que personne ne puisse lire ses pensées. Elle ne transmuterait qu'un cas d'urgence ou si c'était nécessaire. En attendant un nouvel ordre, elle s'appuya contre un arbre et se laissa glisser au sol. Elle baissa le regard sur la racine entourée d'insect puis lâcha d'une voix morne :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle releva la tête et fixa son regard sur le loup blanc. Elle faillit céder à son instinct et se transformer mais elle se retint. Histoire de passer le temps, elle dévisagea la fille. Elle avait de beaux cheveux bruns qui descendait jusqu'au milieu de son dos, des yeux en amande, un nez discret et des lèvres fines. Quant au garçon, il avait des cheveux bruns foncés mi-longs, de jolis yeux bien ouverts, un nez plus gros sans pourtant l'être trop que celui de la fille, des lèvres plus pleines que des lèvres féminines et il sentait à la fois l'alcool et la cigarette. Elle n'aimait pas énormément ces odeurs mais ne l'afficha pas sur son visage. Elle prit soin de garder une expression lasse, ennuyée par cette vie et ce bazar. Pourquoi est-ce elle qui avait dû transmuter, et pas une ou un autre ? Qu'avait-elle fait de mal, avant de se tansformer, pour être punie ainsi ? Si il n'y avait pas eu pas eu de vampires ni de loups-garous, Aurélien vivrait encore. Il aurait eu une femme, des enfants, des petits-enfants, un boulot, des amis, des animaux, une vie. Et elle, adolescente autrefois joyeuse et trop sûre de soi, elle l'avait tué sans pitié, incapable de contrôler une rage immense. Tout compte fait, elle ne valait pas mieux que les sangsues qui tuaient des innocents plusieurs fois toutes les eux semaines environ. Elle frémit face à cette avis d'elle-même. Non, elle était plus pure qu'eux, eux qui tuaient des milliers de fois selon la durée de leur non-vie. Puis elle reporta son attention sur Jill, avec une expression faciale cependant plus neutre, mais avec un sourire en coin sans joie.

[ Par terrible par rapport aux votres, désolée. ]

Invité

Quand l’appel de l’alpha résonna dans nos pensées, j’étais en train de fumer, assise sur un rocher. Et alors ? Tout le monde a besoin de décompresser.

Il faut dire que j’avais vraiment passé une journée de merde. Mon père s’était engueulé avec ma mère et avait failli se transformer, il lui avait fallu toute la volonté du monde pour résister. Ma mère, pauvre humaine dans une maison de loups, avait voulu se tourner vers moi, mais j’étais partie, exaspérée par leurs incessantes sautes d’humeur. Et j’étais allée sur la falaise, mon lieu de prédilection, pour me détendre un peu. Et j’avais commencé à fumer, tout en me noyant dans la musique. Couchée sur la roche, je regardais défiler les nuages, laissant la mélodie entrer en moi, me noyer. La musique, la seule chose qui me dominait de toute sa splendeur.

Puis avait résonné l’appel de mon chef. En soupirant, je rangeai mes affaires, et je mis tout dans le sac, dont mes habits. Car oui, je m’étais dévêtue pour me transformer en louve. Je pris mon sac dans la gueule, et d’une foulée parfaite, je rejoignis mon lieu de vie. D’un bond athlétique, je posais les pattes sur le parquet japonais de ma chambre, à la décoration toute autant japonaise. Je me retransformais au moment où ma mère entrait dans la chambre avec les fiches de mon lycée dans les mains. Ah, ouais, le dossier d’orientation ... C’est vrai, j’avais une carrière scolaire à poursuivre. Je me changeai rapidement, mettant un pantalon noir en tulle et un tee-shirt, tout aussi noir, et j’enfilai mon bob customisé avec soin. Sans oublier les chaussures. J’attrapai dans la foulée mon sac passe-partout, assez résistant pour supporter les conditions de voyage et l’eau. J’adorais ce sac, franchement. Pui je sautai par la fenêtre pour rejoindre les autres dans la forêt.

La grisaille laissait place au soleil, ce qui ne m’arrangeait pas vraiment. L’albinos que j’étais aurait donc deux choix : se transformer pour affronter le soleil, ou chercher des chemins à l’ombre. Bon, pour le moment, mon seul choix était d’aller dans la forêt, d’un pas léger et énergique d’ailleurs. Je m’engouffrai sans hésitation parmi les arbres, et suivis le chemin que lui traçaient mes jambes. Tout droit devant moi, en quelque sorte. Et je les devinai, les loups et les humains, rassemblés autour de la louve immaculée qu’était notre puissante Alpha, dont les ordres avaient force de loi dans nos esprits. Ceci déplaisait fortement à certains d’ailleurs ... Lily, par exemple, qui détestait que l’ordre d’une personne conduise sa vie. Elle devrait s’y faire. Moi, je n’y voyais aucun inconvénient car je considérais que mener notre meute était une tâche ardue, qu’il fallait lui faciliter les choses, à notre pauvre Alpha, en lui obéissant, tout simplement. Je me montrai dans la clairière et m’appuyai à un arbre, attendant les ordres sans regarder les autres.

Et maintenant, on fait quoi ?

[ arrête Ambre, c'est très bien =) . Bon vous abusez là xD , je suis la seule transformée . ]

La louve lança un regard désabusé à ce petit rassemblement. Elle n'avait rien exigé, pourtant tous semblaient attendre des ordres. Ils auraient pu se transformer, patrouiller, veiller à la sauvegarde des humains qui se promenaient inconsciemment dans la forêt. Mais tous se contentaient de la regarder comme si elle allait leur annoncer une nouvelle effrayante. Et en attendant, son esprit restait vide, alors qu'animale, elle se trouvait au centre de leur petit cercle.
Agacée, la jeune fille jeta un regard significatif à Aaron, et se métamorphosa. Vivement, elle se dirigea vers son meilleur ami qui lui offrit aussitôt son manteau, afin de la recouvrir. Puisque bien entendu, elle n'avait pas l'intention de se promener nue devant la meute entière. Vêtue du long manteau noir dans lequel elle paraissait presque petite, et presque vampirique, avec ses longs cheveux en désordre et ses yeux pourpres, la jeune fille se tourna vers ses amis.
Edit Ama : Fallait ramener ma chemiiiiise x).
Bah voyons. C'est quoi ça, tu t'incrustes dans mes rps maintenant ? Tsst <3 .

« Tout va bien, ne vous inquiétez pas. »

Elle lança un regard d'excuse à Lily. Elle comprenait la souffrance de la jeune louve qui aurait souhaité échapper à sa condition. Puis l'adolescente se tourna vers Capucine, Leah, et enfin Aaron. Elle les dévisagea les uns après les autres, les sondant. Elle devait veiller sur eux. L'alpha n'existait pas seulement pour guider et ordonner, elle était également leur soeur de meute, et un lien tel que celui là était irréversible. Lily aurait beau protester, Jill serait toujours près d'elle. Les autres pourraient râler, la Quileute empêcherait la meute de se disperser. Instinctivement, la jeune fille vint se placer près d'Aaron.
Charlie vint également se joindre au petit groupe, et Jill laissa le silence s’installer.
Malgré la mauvaise volonté de certains, la meute était en effet un groupe soudé.
Mais la louve sensée la seconder n’était pas là. Bien. Elle allait commencer sans elle.

« Tout paraît aller bien, du moins. Mais les meurtres d’humains se font plus nombreux. Je vous demanderais de patrouiller afin d’éloigner les imprudents des terres ennemies. »

Elle se tenait tout contre Aaron, mais ne cessait de fixer Lily. La jeune fille réagirait elle mal à ses ordres ? Il était finalement bénéfique que Jill donne ses instructions sous sa forme humaine, ainsi la double voix de l’Alpha ne se manifestait pas. Elle ne souhaitait pas lui faire courber l’échine. Plus que jamais, elle avait besoin que les liens se resserrent au sein de la groupe. Après tout, ils étaient unis par leur mission, celle de protéger les humains. Tous avaient un jour souhaité défendre quelqu’un. Que cela soit un parent, un ami, ou un amant.

« Gardez à l’esprit que le danger n’est jamais écarté. Un jour une guerre éclatera, ce n’est qu’une question de temps. Nous ne pouvons bafouer nos idéaux en laissant mourir des humains. Prenez cette mission qui nous a été confiée comme une entrave si vous le souhaitez, mais n’est ce pas noble de sacrifier sa liberté dans l’espoir de sauver des vies ? »

Elle n’attendait pas de réponse, et son regard pourpre le faisait bien comprendre.
Sans quitter des yeux ses frères et sœurs de meute, Jill serra brièvement les doigts d’Aaron dans les siens. Elle espérait qu’il parviendrait à se transformer, aujourd’hui. Elle ne souhaitait pas s’éloigner de lui, même si il pourrait être utile également sous forme humaine.

« Venez. »

C’était habituel, que cet acte de patrouiller. Ils étaient des gardes silencieux, mais pourtant inutiles. Des innocents mourraient, et elle ne pouvait rien faire. La meute devait devenir plus forte avant de frapper. Son frère serait vengé, elle anéantirait cette race, ou du moins la chasserait de leurs terres. Le visage d’un vampire s’effaça de son esprit, alors qu’elle tournait les talons, prête à se transformer de nouveau. Jill suivrait sa destinée. Elle ne souillerait plus ses mains au sang pur de ceux qu’elle aimait. En revanche ses crocs pourfendraient les corps glacés des buveurs. La haine était sa plus belle folie. Et si elle ne comblait pas le vide de son cœur, elle lui permettait au moins de rester debout.

«Qui est là ?»

[ Désolée pour mon post pas terrible, Monad. ]

Capucine se releva vivement. Elle devait se transformer. Elle allait devoir redevenir cette créature surnaturelle au pelage blanc, long et doux avec des sens surdéveloppés, une vitesse incroyable et silencieuse. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas transformée ? Un moment. Tout comme Lily, elle n'aimait pas son pouvoir, son "don" comme certains le nommait. Et quel don, se transformer en loup-garou, un monstre qui, en pleine folie, pouvait tuer ou blesser. Un monstre qui, à la fin, valait à peine mieux que les vampires. Un monstre plus humain que ses ennemis, mais un monstre quand même. Un monstre qui prenait l'apparence d'un loup beaucoup plus grand qu'un être normal. Et elle faisait partie de ses monstres. Certains loups-garous n'avaient rien fait de mal aux humains, comme Leah et Lily. Mais d'autres, comme elle et Jill, avaient blessés ou tués des humains. Elle, elle faisait partie de ses monstres là. Un monstre plus monstrueux que les autres loup-garous de son espèce. Une louve qui avait détruit une vie. Celle d'un lycéen banal qui n'avait voulu que vivre à ses côtés, aux côtés d'une créature surhumaine égoïste, et il en était mort. Elle repensa à Aurélien, ce qui se serait passé si elle s'était contrôlée et se laissa entraîner par un tourbillon de fantasme douloureux. Abigaël frémit, retrouva ses esprits et se leva. Quelques loups avaient rejoints l'Alpha. Elle se leva, partit du côté opposé pour se déshabiller puis elle changea d'avis et tourna les talons. Cependant, elle fit craquer une brindille et une voix s'éleva. Elle courut jusqu'à la source de la voix et quand elle fut à sa vue, elle ralentit et marcha. Si l'humaine l'avait vu courir à cette vitesse, elle aurait compris que l'adolescente n'était pas normale. Elle la détailla rapidement. Elle avait des cheveux longs et châtains, un joli visage de porcelaine, des sourcils fins, des yeux verts, des lèvres roses et un corps mince et de taille moyenne. Elle ressemblait à une poupée comme on faisait autrefois et qui était inoubliable pour leur beauté, leur fragilité visible et leur teint pâle. Toutefois, son instinct lui disait qu'elle n'était pas aussi fragile qu'elle le montrait et qu'elle avait un caractère méfiant. Abi' lui sourit pour la mettre en confiance, mais son regard ne sourit pas vraiment. Il était surtout inquiet pour le sort de la jeune fille. Elle n'était qu'à une vingtaine de mètres de la frontière. Elle était ausi inquiète pour elle et la Meute. Si jamais la fille avançait pour la défier, la louve devrait transmuter pour la sauver, et elle verrait sa vraie nature. Elle fémit et son sourire s'effaça.

- J'éviterais d'aller par là si j'étais toi, crois-moi. Mais certains tiennent plus à la vie que d'autres.

Une simple mise en garde du danger de mort qui lui tomberait dessus si elle dépassait la frontière. Elle rejoignit la fille et se plaça et elle et le territoire ennemi. Si elle avançait, elle serait obligée de passer à côté d'elle, et Capucine pourrait la retenir. Cette fois, ce fut ses habits qu'elle détailla. Elle portait un jean bleu artistiquement délavé et un joli petit haut à volants qui lui allait bien mais qui était à présent plein de boue avec une veste ouverte sur ses épaules. Elle reposa ses yeux orangés dans ceux de son interlocutrice et soutint le regard. Elle repensa à Aurélien. Aurélien. Rien que ce nom lui évoquait une année heureuse, il y a 20 ans de cela. Elle ferma les yeux. Une péridiode extrèmement courte, où avait vécu le bonheur, la tristesse, l'amour puis la mort. Le cratère sur son coeur était presque aussi douloureux qu'au premier jour. Car comme elle se l'était promis, elle était passée à autre chose. Mais ce n'était pas uniquement de sa faute à elle si il était mort. Aussi de celle de la Meute. Ils auraient pû se passer d'elle pour une simple patrouille. C'était aussi de sa faute à lui. Il savait qu'il ne devait pas jouer avec le feu ou il pourrait en payer de sa vie. Mais il l'avait fait. Pourquoi ? Pourquoi ne pas l'avoir laisser partir ? Pourquoi ne s'était-il pas tenu aux règles ? Elle mourait d'envie d'hurler ces mots au vent. Ca ne servait à rien de s'enfoncer un peu plus dans la déprime et la folie. Elle devrait vivre avec ça. Elle rouvrit tout doucement ses paupières et fixa un regard sans expression sur la jeune fille.

- Abigaël. Et toi ?

«Monad. Pourquoi ce chemin me serait-il mortel?»

{... Olàlà Désolée T.T C'est le primier RP que je fais depuis 3 mois :s Perdu la main ^^}

Comme à son habitude, la forêt tremblait des sons de la nature, des feuilles bercées par le vent, ce vent frais qui, à cette période de l'année, lui procurait un frisson. Non un frisson de froid, mais un frisson d'exaltation. Elle leva le museau, vers la lune, cachée partiellement par les épais feuillages en plus des nuages gris bleu dans la nuit, qui passaient avec une lenteur agaçante devant la mère Lune, stoppant ses rayons bienfaiteurs et plongeant la forêt dans le noir presque total. Aux yeux d'un humain.

Or, Skin n'était pas humaine, pas plus que ses deux sœurs ... triplées... Elle était bien plus que cela, une race à part entière, connue de tous, mais très en connaissait réellement l'existence. Les loups garou étant une race utilisée dans les histoires, et la plupart du temps ils étaient considérés comme des monstres sans cœur qui lorsqu'ils se retrouvaient sous leur forme canidé ne pensaient plus qu'à bouffer. Faux. Ils ne pensaient qu'à la sécurité des leurs et, évidemment, pour ce faire, de préserver les distances avec les sangsues, également dans les comtes humains. Une haine féroce alimentait les deux camps pour l'autre. Il y avait souvent des blessés, et parfois même des blessés. La preuve. Son frère aîné, tué par un vampire quelques années auparavant.

Comme tous ses frères et sœurs de loups, sa peau sous forme humaine était bouillante, tellement bouillante qu'elle devait faire des efforts considérables pour éviter tout contact avec les humains qu'elle fréquentait. Et surtout avec sa deuxième sœur triplée, Shaé. Elle qui ne s'était pas encore transformée. Peut-être, même, par on se sait quel miracle, ne se transformerait-elle jamais ?! Ce serait... vraiment un soulagement pour tous. Car on ne pouvait vouloir que quelqu'un de sa propre famille quitte la tranquillité de l'humanité. Bien que le sentiment de liberté qu'ils éprouvaient était bien le plus beau des sentiments, pour un loup, celui que procurait l'envie féroce de tuer leurs ennemis était une malédiction, si on y réfléchissait bien. Skin aimait trop sa sœur pour lui souhaiter un destin comme le sien.

Le pincement familier au cœur et au crâne la fit revenir à la réalité, entourée de hautes et sombres formes végétales, ses pattes enfoncées dans la terre meuble et boueuse, à cause de la pluie qui avait arrosée Forks la toute la journée. Ce pincement lui était bien connu, car c’était le signe que sa Jill, sa sœur Alpha de la meute, la voulait près d’elle. Un rassemblement ? Peut-être.

Elle essaya de localiser les siens, et, elle s’en voulu de ne pas les avoir senti plus tôt, car ils n’étaient absolument pas loin. A peine à quelques kilomètres. Avec le temps elle avait appris à écouter la forêt, à écouter ce qu’elle racontait, à écouter ce qu’elle transmettait à plusieurs lieues ! Peut-être était-ce juste une impression, mais lorsqu’elle faisait ça, Skin penser se rapprocher de ses ancêtres Quileute, des tribus amérindiennes. Elle s’élança, banda ses muscles, en direction du groupe de lycanthropes, qui avaient semblait-il prit forme humaine.

Courir lui faisait réellement le plus grand bien, elle slalomait entre les arbres, envoyant une grande quantité de boue derrière elle. Soudain, elle s’arrêta au pied d’un arbre, à environ un kilomètre des autres. Et alors, comme un chien qui déterrait un viel os, elle entreprit de creuser un trou profond d’environ un mètre de profondeur et en ressorti une minute plus tard un grand sac poubelle noir. Ses vêtements.

On ne pouvait pas matérialiser les vêtements comme ça, en claquant des doigts, ni les garder sur soit lorsqu’on se transformait. Du coup, il était toujours conseillé de cacher à certains endroits de la forêt de quoi préserver son intimité si l’on devait se retransformer. Skin eu un frisson écœurant, d’abord léger, puis de plus en plus fort, la secouant dans tous les sens, accompagné d’horrible craquements. Son museau rétrécit, pour devenir un petit nez en trompette, sa crinière de poil devint une masse de cheveux emmêlés. Plus de queue, et au lieu de se tenir à quatre patte elle se redressa de sous son long, exposant son corps maintenant nu à la nature. Elle se pencha par-dessus le sac plastique et en sorti un débardeur noir ainsi qu’in short assorti, et une culotte. Elle s’habilla rapidement, ré entera le sac plastique qu’elle recouvrit de terre de ses pieds nus noirs de crasse. Pareil pour ses mains.

Prenant un air détaché, elle termina la distance qui la séparait de sa sœur à pied, d’un rythme soutenu. Bientôt, elle les trouva, ils étaient sept. Jill et son inséparable meilleur ami Aaron, Capucine ou plutôt Abigaël, Leah, Charlie, et … une humaine ?? Skin chercha le regard de Jill, plissa les yeux, demandant des explications. N’ayant pas de réponse, elle hocha la tête comme un salut, l’adressant aux autres, accompagné d’un sourire quelque peu forcé. Elle passa devant l’humaine sans la regarder et alla se positionner près de sa sœur. Elle eu un sourire, et ses yeux brillèrent dans le noir.

« Je suis en retard on dirait .. » soupira-t-elle.

Jill allait ôter le long manteau noir d’Aaron pour se transformer lorsqu’elle entendit la voix de l’humaine. Elle fit un pas brusque en avant, prête à partir en courant, pour chasser la jeune fille, quitte à se montrer agressive, lorsqu’un soupir se fit entendre. Un léger sourire passa sur ses lèvres, presque sincère, et elle laissa retomber ses mains qui s’apprêtaient à ouvrir le vêtement sombre afin de lui épargner le déchirement du à une transformation. Sa sœur jumelle, non, pas jumelle, triplée, était enfin là. Ne pensant plus à l’humaine durant un court instant, elle s’approcha d’elle, et elle posa brièvement son front contre le sien, créant un lien visuel. Parfait. Rapidement elle s’écarta. Les étreintes l’avaient presque toujours mise mal à l’aise. Ses sœurs faisaient partir des rares à pouvoir la serrer dans leurs bras. Avec Naomi, Aaron. Et autrefois son frère. Son visage se ferma en pensant au temps heureux où elle était encore joyeusement insolente, moqueuse, constamment riante, se jouant du danger tant qu’elle était avec ceux qu’elle aimait. Impulsive et impatiente, loyale et tendre, maladroite avec ses sentiments mais pourtant amicale. Le regard froid mais le rire facile. Une gamine qui s’énervait facilement mais ne restait pas longtemps fâchée. Vivante. Certes elle n’avait pas totalement changée, mais les rires s’étaient fait plus amers, plus rares, moins sincères. Et cette manie qu’elle avait de parler sans s’arrêter s’était faite moins courante. Elle avait tenté de s’assagir, de ne plus s’attacher aussi désespérément. Et si elle avait laissé son intelligence lui dicter ses décisions plus souvent que son destin, elle n’avait pu s’empêcher de créer des liens, encore et toujours. Puis Jill se rappela le léger problème. Une humaine qui s’introduisait dans cette partie de la forêt. Et non loin de cette forêt, Les Rocheuses, territoire des vampires du clan de l’étoile. Des meurtriers. Agrippant la main de Skin, elle tourna les talons, jetant un regard à son meilleur ami, lui demandant de la suivre. Puis elle relâche sa prise sur les doigts de sa sœur, persuadée que celle-ci avait compris qu’elle devait venir, et Jill se mit à courir.

Même sous sa forme humaine, elle possédait des sens incroyablement développés, et sa vitesse était impossible à égaler, hormis par ses semblables, et bien entendu les vampires. Un Quileute restait toujours moins rapide qu’un buveur tant qu’il ne prenait pas sa forme humaine. La forêt était le domaine de la meute, bien que nombreux soient les habitants de Forks à s’y promener. Mais cette adolescente se promenait bien trop près de la frontière pour être en sécurité. Ils étaient en guerre, et il suffisait qu’un vampire affamé renifle son odeur pour que Monad se retrouve au beau milieu d’une lutte entre des créatures à priori fantastiques. L’adjectif sonnait comme un bien mauvaise blague. Non seulement ils étaient bien réels, mais ils étaient aussi largement moins fascinants lorsqu’on devenait leur victime innocente. Jill prit à peine le temps de modérer son allure lorsqu’elle aperçut le visage déterminé de l’intruse. L’alpha s’arrêta net, restant un moment dans l’ombre, silencieuse. Elle savait que sa sœur jumelle, au moins, n’était pas loin. Il était également possible qu’un autre membre de la meute l’ait suivi. Elle sentait la présence incandescente de ses semblables. La question de la jeune fille fit naître un sourire moqueur sur les lèvres de Jill, l’alpha étant pourtant furieuse. Elle haïssait l’insouciance de ces crétins qui se mettaient constamment en danger, avec une certaine fierté, avant d’hurler dès qu’ils se retrouvaient réellement menacés. La meute existait pour les protéger, et en effet, si elle n’avait pas été créée, mettant en péril des adolescents, brisant parfois leurs familles, leurs vies, la situation serait pire encore. Comment, un groupe de jeunes tourmentés pouvait il se battre contre un clan de vampires expérimentés ? Sans parler des nomades ! Quant au clan le plus pacifique, ils avaient encore quelques doutes sur son intégrité. Car il accueillait encore des meurtriers. Jill avait perdu son frère dans cette guerre, et par la faute de sa condition elle avait tué la personne qui l’avait aidé à se relever, celle qui avait déclenché au creux de son être une chaleur plus violente que celle de milles brasiers. Son amant, l’homme dont elle s’était imprégné. Et depuis elle vivait avec la haine au ventre et la culpabilité dans l’esprit. De plus il lui fallait lutter pour ne pas laisser éclater sa colère à chaque fois que son esprit communiait avec ceux de la meute. Elle ne pouvait leur laisser sentir sa douleur en plus de celle qui les hantait déjà. Lily haïssait son rôle. Capucine devait vivre avec un tourment semblable à celui de Jill, puisqu’elle avait elle aussi assassiné celui dont elle s’était imprégné dans une crise de rage. L’adolescente ne pouvait se confier pleinement, librement, à personne. Tous souffraient, tous avaient leurs propres démons à sceller. Naomi et Skin avaient comme elle souffert de la perte du précédent Alpha. Quant à Aaron, il se laissait aller dans les vapeurs de l’alcool, tentant d’oublier les blessures irréparables de son être. Et en plus de tout cela, Jill devait gérer cette idylle avec un vampire. Un vampire… Si le simple mot suffisait à faire naître la haine la plus puissante dans son cœur, il parvenait également à susciter l’image d’un visage à la peau pâle, aux yeux de saphirs. Des traits parfaits, un caractère aiguisé et subtil. Un ennemi. Et malgré son amour, Jill savait qu’elle en viendrait un jour à se battre contre Edouard. Elle n’avait pas le choix. Les yeux de l’alpha se posèrent sur Monad, la scrutant à son insu. Ses yeux de rubis scintillaient. Sans bien savoir pourquoi cette humaine lui faisait penser à son autre sœur, celle à qui elle devait constamment mentir. Celle qui était restée fragile et humaine. A l’abri du danger. Comment réagirait-elle si un jour Skin ou Jill devait mourir ? Elle avait déjà du encaisser une explication douteuse à la mort de leur frère ainé. Il faudrait tout lui révéler, un jour. Mais aucune des deux adolescentes ne pouvaient s’y résoudre, car si cela signifiait renouer avec leur sœur, cela voulait aussi dire qu’elle ne serait plus loin de toute cette histoire. Abritée par son ignorance. Ce furent ces pensées qui forcèrent Jill à s’avancer vers la jeune humaine. Il fallait la mettre à l’abri. Sans même songer à ce que pourrait ressentir l’adolescente en se voyant ainsi entourée par des adolescents à l’air grave, sortant de l’ombre sans un bruit, Jill fit quelques pas, et s’approcha de Monad, gardant cependant une distance prudente.

« Ce chemin a déjà été fatal pour plus de gens que tu ne le croies. Pourquoi cela serait-il différent pour toi ? »

Sa voix avait été sèche, et elle regardait l’intruse dans la moindre chaleur. C’était sa mission de la défendre, mais elle lui en voulait simplement de s’être introduit ici, et de persister à rester malgré l’avertissement de Capucine. La jeune fille paraissait presque menaçante. A vrai dire, elle avait toujours manqué de patience. Il était étrange de voir sa silhouette fine enveloppée dans un manteau sombre et trop large pour elle, ses mains à la peau halée disparaissant dans les manches. Ses jambes étaient nues, tout comme ses pieds qui s’enfonçaient dans la terre et les feuilles mortes. D’un geste vif, elle chassa les longues mèches qui retombaient devant ses yeux écarlates et posa son regard dans les yeux bleus de Monad. La jeune fille paraissait fragile ainsi, et elle se surprit à s’adoucir légèrement. Elle ne pouvait lui permettre de continuer de se mettre en danger ainsi. Aussi ses traits se détendirent tandis que le feu de son regard se faisait plus doux.

« Il y a par ici des choses qui te dépassent. Tu devrais faire demi-tour. »

Oui, elle paraissait légèrement antipathique n’est ce pas ? A vrai dire, elle soupçonnait la nouvelle-venue d’être obstinée, et elle craignait qu’en se montrant trop patiente Monad ne la prenne pas au sérieux. Il n’était pas agréable pour une humaine de finir vidée de son sang. Ni pour une louve d’ailleurs.

Elle venait à peine de sortir des ombres. L’alpha avait les yeux fixés sur la jeune humaine. Sa posture était plus ou moins nonchalante, vaguement menaçante. Que pouvait bien penser une fille normale, en apercevant au beau milieu des bois, dans la nuit, une adolescente qui la prévenait d’un danger de mort, suivie de peu par toute une bande qui se regroupait autour d’une lycéenne apparemment banale ? Craignait-elle de s’être retrouvée au beau milieu du territoire d’un gang de crétins ? Ou pire encore ? Pouvait-elle comprendre que la petite troupe avait pour mission de la protéger, elle et ses semblables ? Sûrement pas. Après tout comment aurait elle pu deviner qu’elle venait d’entrer dans un roman de mauvais goût, transposé en une réalité toute aussi douteuse ? Elle devait plutôt se croire en plein délire, ou plus simplement, en train de cauchemarder. Agacée, Jill se passa une main sur le visage, rejetant au passage une fois de plus quelques mèches aventurières. Bien. Elle n’avait plus qu’à attendre patiemment la réponse de Monad, puisque c’était ainsi que s’appelait la petite poupée, d’apparence fragile. Jill savait qu’il n’en était peut-être rien. Il était possible que l’intruse soit plus forte qu’elle ne le pensait. Mais cela n’avait aucune importance. Face à un vampire ou un loup, on n’est jamais rien d’autre que faible. Jill allait s’avancer un peu plus, lorsque quelque chose frôla sa main. Quelque chose ? Un loup. Une louve immense, à la fourrure noire et blanche. Machinalement, et avec une certaine affection, Jill effleura la joue soyeuse de Shavaé, sans y poser réellement sa paume. Elle ne ferait pas l’erreur de caresser sa bêta comme si elle n’était qu’un chien affectueux. Non, cet infime contact, du bout des doigts, était plutôt une salutation amicale, et discrète. Enfin plus ou moins. Ecarquillant les yeux, Jill suivit des yeux celle qui la secondait, alors qu’elle allait se poster non loin, allongée sur un rocher. L’alpha hésitait vaguement entre se mettre à hurler, et éclater de rire. Mais en tout cas, une chose était certaine, elle ne voulait pas regarder Monad maintenant. C’était une preuve parfaite pour l’humaine, que cette petite bande n’était pas normale du tout. Un énorme loup venait se frotter contre une gamine, soyons honnête, c’est ce qu’elle était, gamine elle-même entourée pas d’autres jeunes personnes. Puis, décidée à réagir comme si la meute était seule dans la forêt, Jill tourna la tête vers sa bêta, et lui adressa un sourire qui se voulait moqueur. Elle ne parvenait pas à lui en vouloir. Depuis toujours la Quileute savait que Shavaé était différente des autres. Elle ne se pliait pas aux ordres, elle suivait ses propres désirs. Elle changeait perpétuellement. C’était en effet étrange que l’alpha ait choisi pour la seconder une louve aussi instable, et que l’on aurait pu qualifier de peu fiable. Les deux louves semblaient avoir trouvé un terrain d’entente. Et si Jill venait à mourir, alors Shavaé la remplacerait à la tête de la meute. Peut-être les libérerait-elle de leur « esclavage ». En tout cas elle ferait sûrement de son mieux, à sa façon. Il était étrange de songer que Jill avait choisi une bêta qui ne lui ressemblait absolument pas. Peut-être croyait-elle en Shavaé simplement car l’étrange jeune fille n’était pas du genre à s’effondrer au moindre choc ?

« Il était temps que tu arrives. »

Cela ne sonnait pas vraiment comme une réprimande. Plutôt comme une moquerie à vrai dire. L’alpha tourna son sourire vers l’humaine, et celui-ci se fit aussitôt plus innocent, comme si la scène était tout à fait naturelle. Après tout elle l’était bien, pour elle. Pour eux. Il aurait été utile de se justifier, de trouver une explication, même foireuse, à la présence d’une louve parmi eux. Mais Jill décida sans le moindre remords de laisser le mystère planer. Si l’humaine pouvait craindre le courroux du magnifique animal, alors peut-être partirait-elle plus vite ?
Effrayer les intrus était une manière radicale mais efficace de les chasser. Et donc, de les préserver. L’alpha chassa rapidement de sa tête la petite voix qui la réprimandait, lui rappelant que la meute devait rester discrète. Elle ne s’était pas transformée juste sous les yeux de l’intruse après tout, l’anonymat était préservé. Inconsciente des pensées qui agitaient l’esprit chaotique de Shavaé, Jill était plutôt sereine. Son agacement s’était nettement atténué, remplacé par un calme teinté d’amusement. Son impatience s’était apaisé, et elle attendait donc en silence la réaction de la jeune humaine, qui devait avoir à un an ou deux près le même âge qu’elle. Et qui pourtant vivait dans un monde on ne peut plus différent. Mais si elle avait su que Shavaé avait rencontré Edouard, ce qu’elle aurait appris si elle s’était transformée sur l’instant, elle se serait sûrement agitée, prête à aller frapper ce vampire qui s’amusait à s’incruster dans la vie de ses semblables comme dans la sienne. Surtout dans la sienne.

[ Vraiment nul , désolée .__. ]

gravité

Mais quelle conne !

Capucine regarda tout les membres de la Meute la rejoindre, elle et Monad. Jill se plaça à ses côtés, l'air menaçant. Ses paroles prouvaient qu'elle manquait de patience, contrairement à elle. Elle avait toujours été patiente, calme, forte de caractère mais assez sensible au fond, gentille. Mais elle était aussi extrèmement curieuse, embêtante, collante si on lui cachait une chose, triste et elle détestait plus que tout sa nature de louve. Elle aurait préféré être une humaine pour toujours. Elle enviait Monad, elle était jalouse de son statut qui faisait qu'elle ne savait rien sur les loups-garous et les vampires. Elle regarda Skin s'approcher lentement de l'endroit où elles étaient. Skin murmura qu'elle était en retard et l'adolescente sourit pour lui montrer que ce n'était pas gênant. Puis elle soupira et s'éloigna de la frontière. Ce fut là qu'elle remarqua pour la première fois Roxanne et elle la rejoignit. Elle s'appuya contre un arbre. Sa nature de louve choisit le mauvais moment pour vouloir prendre possession de son corps. Elle marcha d'abbord jusqu'à ce que l'humaine ne la voit plus, puis elle se mit à courir, cachant comme elle le pouvait le tremblement de ses membres.

Lorsque qu'elle fut à une dizaine de kilomètres, elle se laissa tomber au sol et grogna contre elle-même. Les tremblements s'intensifièrent et une vive douleur lui transperça les membres. Elle avait l'impression que, pendant quelques secondes, la louve la griffait et la mordait de l'intérieur afin de sortir du corps humain. Elle retint un gémissement de douleur puis elle soupira. La bête en elle essaya de sortir plusieurs fois, mais en vain. Abigaël voulait trop rester elle-même, elle voulait trop garder le maximum d'humanité qu'un monstre pouvait avoir. Puis, une dernière fois, la louve essaya de s'évader de sa prison. Elle eut l'impression qu'on lui déchirait ses membres, et elle retint un cri de souffrance par fierté. Elle l'avait battu une seconde fois. Elle restait toujours satisfaite d'y arriver pendant que l'être surnaturel en elle se retirait doucement et silencieusement, attendant que l'occasion de prendre contrôle du corps se présente. Mais la fille serait prête. Pas tout de suite, car sa lutte intérieure l'avait épuisée et elle en haletait, mais plus tard dans la nuit ou demain. Elle se sourit fièrement à elle-même puis, malgré sa fatigue, elle se leva retourner voir le reste de la meute. Cette fois-ci, elle resta à la hauteur de Roxanne. Voir sans être vu. Bonne idée pour les discrètes, ce que devait être l'autre louve.

- Bonsoir, Roxanne.

Un moyen simple mais poli de commencer une conversation. Comme les autres loups, elle connaissait le prénom de tous les membres de la Meute. Elle dévisagea la fille à côté d'elle. Elle était belle, ce qui la fit aussitôt penser à Lily, car, bien qu'elles n'avaient quasiment aucuns traits en commun, la jeune fille aux cheveux châtains était très jolie aussi. Roxanne avait de jolies yeux améthystes qui lui rappellèrent ceux si particulier de Jill, des cheveux bleu/noir originaux, un visage fin et équilibré et un corps de taille moyenne, quasiment aussi grand que celui d'Abi' et aussi mince que le sien. Elle sourit amicalement à l'adolescente puis regarda ce qui se passait plus loin. Elle remarqua alors Shavaé à côté de l'Alpha qu lui caressait les poils de la joue du bout des doigts. La mi-louve mi-humaine soupira. Au moins, Monad serait effrayée et partirait aussitôt sans poser plus de question, surtout que Jill venait de parler à la louve.

- Ca pourrait se retourner contre nous... Ce n'est pas très malin de la part de Shavaé. murmura-t-elle plus pour elle que pour Roxanne.

[ On attend Monad ? ]

[ Je pense que ça serait mieux, oui. ]

[ Désolée pour l'énorme attente!! xS ]

« Il était temps que tu arrives. »