Semés...ouff... •LIBRE •

Une chevelure blonde volant au grès de la course de sa propriétaire et des bourrasques enragées du vent urbain, brouillait la vue de quelques piétons imprudents, qui traînaient encore dans les rues à cette heure tardive, inconscients du danger que leur action inconsidéré représentait. L'horloge de la ville continuait inlassablement sa lente course autour de son axe, affichant bientôt l'heure de tous les crimes, l'heure la plus sombre de la nuit, l'heure qui inspire les plus grands auteurs et poètes dans leur tragédie les plus sanglantes, minuit. La peau pâle et immaculée, sur un corps svelte et élancée, de la jeune fille qui courrait à perdre haleine - pour un passant, certes, pas pour elle - interressait les regards, mais néanmoins la vitesse de leur concitoyenne, en apparence, les décontenançait et inquiétés par ce fait et l'obscurité des lieux, ils reprenaient vite leur languissante marche vers leur domicile, où les quelques vies y somnolant devaient être assoupis depuis un bon moment. Une chouette ayant quittée les repères obscurs de la forêt hulula et son cri se répandit comme une traînée de poudre dans les rues étroites et les effrayants culs-de-sac. Un chat franchit la route en un éclair. Il ne fut pas assez rapide. Il ressentit les vibrations des muscles saillants de la jeune fille qui s'élança pour éviter de ne buter contre le félidé. Tellement facile.

Eugény s'arrêta et se colla contre la paroi humide et froide d'une maison inhabitée. On ne peut pas dire qu'elle reprenait son souffle, elle n'en avait pas besoin. Ses yeux rouges cramoisis défilèrent sur l'horizon, et elle chercha les silhouettes inquiétantes qui la poursuivaient depuis tout à l'heure. Quelles inepties que la cause de tout ce remue-ménage, qui aurait pu lui coûter la vie. Tout avait commencé alors qu'elle chassait tranquillement dans la ville, vers vingt-deux heures, raisonnablement.

- Attendez...att'....non, non, laissez-moi, qui...qui êtes-vous...aîe....?

Les yeux de l'humain se fermèrent, et son corps branlant s'écroula sur les pavés glissants de la rue sombre et étroite. La jeune vampire - physiquement seulement -, avide, les yeux aggrandis par sa soif et par le désir de se délecter du liquide qui affluait sur le sol, désormais, se précipita sur le corps de l'homme sans vie. Ses crocs assoifés se plantèrent dans la jugulaire de la victime, et les longues goulées de sang qu'elle avala produirent un bruit désagréable dans sa gorge. Peu à peu, ses prunelles rougeoyantes s'atténuèrent et le cramoisi revint, rendant plus normal les teintes déjà fort étrange de ses pupilles incandescentes. Ce fut alors que des bruits de pas, infimes et imprécis, parvinrent aux oreilles sur-entraînées du prédateur. Néanmoins, sa soif était telle qu'elle ne réussit pas à se détourner du délicieux met qu'elle était en train de goûter. Ce ne fut que quand une main glaciale se posa sur son dos qu'elle rejeta ses cheveux en arrière et vrilla son regard dans celui de ses condisciples. Ils étaient deux. Un mâle et une femelle. Un couple. La chevelure d'ébène de la femme se fondait parfaitement dans le décor nocturne, et ses yeux mordorés illuminaient les environs. Quand à l'homme, ses yeux profondémment rouges, comme si on y avait mis le feu, rappelèrent aussitôt à Eugény ses premiers pas en tant que vampire. Un nouveau-né, voilà qui n'était pas de bonne augure pour elle. La jeune fille se redressa, s'écarta de son compère, tout en gardant une main sur sa proie, pour y afficher complétement son droit de possession.

- Partager votre encas avec nous vous dérangerait-il ? murmura-t-il, d'une voix ironique, laissant deviner sans aucun doute l'issu de leur conversation.
- Non, point du tout. C'est juste que ma soif ne connaît aucun égal en cet instant, et que je ne voudrai pas causer de graves dômmages à tous les humains qui rôdent dans les environs. Je ne saurai menacer la paisible existence de mes confrères vivant dans les environs. Vous en faîtes partis, n'est-ce pas ?
- Oh, ne vous inquiétez pas....je bois encore le sang humain, ma compagne a arrêté, mais voyez-vous pour moi, c'est un vrai défi. J'aime goûter à toutes les sortes d'humain. Si l'un de ceux qui sont tués m'échappe et si je ne peux en boire ne serait-ce qu'une seule gorgée, je suis dans un état déplorable...demandez-lui.

Il vrilla ses yeux sur sa femme, et un frisson glacé parcourut le dos d'Eugény. Il voulait un défi. Oh, et bien, il n'allait pas être déçu. La jeune fille ne comptait pas lui laisser goûter ainsi à sa proie. La vampire, en un éclair, prit l’humain sur son dos, banda ses muscles et s’élança. En une demi-seconde, trop rapide pour qu’un bipède aux sens si faibles que ça en était déroutant l’aperçoive, ‘Gény fut sur les toîts. Elle se mit alors à courir, son haleine formant des voluptes de fumée blanche autour d’elle. Elle entendait la course redoublée des deux amants derrière elle, et elle savait qu’ils étaient à même de la rattraper si ils poussaient plus sur leurs incroyables muscles de combattants.

Quelques kilomètres plus loin, Eugény avait été obligé de laisser tomber l’humain, jugeant que par sa faute, sa vie en était menacée. S’avouer ainsi vaincu avait été une vraie blessure dans l’orgueil et l’estime d’elle-même du sanguivore, mais elle allait s’en remettre. Eugény se laissa glisser jusqu’au sol. Ses deux poursuivants avaient dû renoncer en avisant le corps inerte de l’humain. Ils avaient gagné, ils allaient rentrer chez eux, et l’oublier. Humppf, la jeune fille âgée de 16 ans lors de sa transformation en cet être assoifé de soif et immonde pour certains qu’elle était devenue, réclamait déjà vengeance, et, elle allait l’avoir. Encore plus de force, tel était son plus grand désir. Une sorte de sur-vampire. Celle qui pouvait tous les terrasser, tous les mettre la joue contre terre. Elle avait toujours été une humaine banale, et voilà que désormais, elle était une vampire banale. Quelle tristesse.

Eugény prit sa tête entre ses mains. Ses pensées vagabondèrent jusqu’au souvenir très précis qu’elle avait de ses parents. Qu’étaient-ils devenus ? Qu’auraient été sa vie si elle n’avait été transmutée en vampire ? Qu’aurait été leur vie si Gabril n’avait lui même été transformé ? Banale, surement.

[Je me joins à toi, si tu n'y vois pas d'inconvénients. Very Happy

]

La vie de vampire est d'un tel ennui ...
Mais, chacun fait comme il peut pour passer le temps. Alison, elle, jout du piano depuis peu durant ses nuits d'insomnies. Elle avait trouvé l'instrument par hasard dans une vieille maison inhabitée de Port Angeles, abandonné, abimé. Cependant, il ne lui fallut que trois jours pour le remettre en état. Cela faisait une bonne dizaine d'années qu'elle n'avait plus joué, mais elle n'avait apparement pas perdu la main. Comme quoi son enseignement n'avait pas était chose inutile ... Pour une fois qu'il lui servait à quelque chose. La jeune fille jouait, donc, depuis une heure déjà. C'était rare qu'elle ne voyait pas le temps passait, mais cela lui fit le plus grand bien. Ces derniers jours, elle trouvait de plus en plus que les journées qui défilaient devenaient répétitives, même ennuyeuses. Ca l'agaçait. Elle qui, dans sa jeunesse passait son temps à jouer et s'amuser durant des heures. Maintenant qu'elle n'avait plus personne, le temps paraissait long, très long. Mais le pire, c'était la nuit. En effet, Ali ne s'était pas encore habituée à passer ses nuits à attendre impatiemment l'aube. La seule activité qu'elle faisait, c'était chasser, mais cela ne lui prenait guère beaucoup de temps. Une demie heure, grand max. La Vampire songea un instant que la vie était plus facile avant, lorsqu'elle était humaine, puis s'arreta net, se rappelant qu'il n'était pas bon de penser à cela, que de toute façon elle ne pourrait pas faire marche arrière. Malheuresement.
Bref, ce n'était pas le moment de se perdre dans ses pensées. Ali reprit tout doucement ces esprits, et conclua sa partition. Il était temps d'aller chasser. La jeune fille se leva tranquilement de son fauteuil, puis se dirigea vers la sortie, après avoir enfilé un manteau. Et enfin, elle claqua la porte, sans prendre la peine de fermer la porte. Tout d'abord, parce qu'ele n'avait tout simplement pas les clés, mais aussi parce qu'elle songea que ce n'était pas necessaire. De toute façon, personne ne viendrait à cette heure-çi, et dans un tel endroit. Le vent frais de la nuit la fit frissoner quelques instants. La Vampire observa les alentours, personne en vue. Elle commença donc sa route. Mais à peine eut-elle fait un pas, qu'elle se retrouva nez à nez avec une jeune fille, à moitié allongée contre le mur de la maison abandonnée. Ali la dévisagea quelques instants, genre "On peut savoir ce que tu fais là ?", avant de poliment la saluer.

«Bonsoir.»

Elle n'ajouta rien. Elle attendait simplement une réponse de la jeune fille. Après, elle s'en irait. Incognito.

Prêtant trop attention aux bruits de pas qu'elle croyait entendre dans la direction d'où elle venait, la tête entre ses mains blanchâtres, Eugény n'entendit pas l'arrivée de sa comparse. Adossée contre le mur, recroquevillée telle une jeune fille pleurnichant à la suite d'un chagrin d'amour, elle aurait pu passer pour une personne déséspérée ou à la rue. Néanmoins, elle n'était rien de tout cela. Juste une vampire. Rien qu'une vampire. Ce fut quand une voix étrangère résonna dans l'atmosphère que la jeune femme réagit. Elle ouvrit de grands yeux étonnés et fixa la nouvelle venue de ses prunelles rouges incandescentes. En un bond, elle fut sur ses pieds, prête à se défendre si sa paire faisait mine de l'attaquer ou de tenter quoi que ce soit à son insu. Elle détailla brièvement la jeune fille qui lui faisait face. Elle était blonde, tout comme elle, et ne ressemblait en rien aux deux vampires assoifés qui l'avaient poursuivi, en tentant de lui voler sa proie - ils y avaient réussi par ailleurs -. Eugény se radoucit, ses bras retombèrent d'eux-même le long de son corps, et se tenant bien droite et altière, son visage poupin s'éclaira d'un fin sourire, tandis que ses yeux se réjouissaient de rencontrer une comparse, en ce monde si cruel.

- Bonsoir.

Eugény remit de l'ordre dans sa chevelure dépeignée, passa un doigt sur ses lèvres piquées à vif par son envie de sang, et se surprit à espérer que son interlocutrice soit elle-aussi en chasse, pour plus de sureté. Si elles étaient deux vampires expérimentées, les malfaiteurs ne viendraient pas tenter de leur voler leur proie, bien trop dangereux. Le plan de la jeune fille mûrissait déjà dans son esprit alors qu'elle contemplait l'apparence frêle et tellement humaine de la buveuse de sang qui lui faisait face, tout en sachant pertinemment que sous cette façade, son corps recellait de muscles qui ne demandaient qu'à se tendre et à passer à l'action.

- Excusez ma réticence, j'ai craint avoir aperçu quelqu'un que je ne désirai pas voir.

[ Aucun problème, j'attendai un joueur justement ^^'. ]

[Désolée pour le temps de réponse. ^^']

Alison l'avait simplement saluée, ce qui était tout à fait normal, pourtant sa comparse l'avait tout de suite prit comme une attaque. En fait, elle avait rapidement bondie sur ses deux pieds. Mais, pour la jeune fille, lorsqu'on faisait cela, c'est qu'on voulait se battre, ou plutôt se défendre d'une attaque potentiel. Non ? En tout cas, Alison n'avait aucune envie de se battre. Elle était simplement ici pour passer du bon temps, pas pour chercher la bagarre. Peut-être que les vampires de cette région ne parlaient jamais , mais préfèraient frapper avant ? Drôle de principes ... Cependant, la jeune Vampire n'avait en aucun cas envie de faire cela. Elle se permit donc de le faire remarquer en levant légèrement les bras vers le ciel lorsqu'Eugény lui lança un regard noir, signe qu'elle n'était pas armé et qu'elle ne souhaitait pas se battre. Son interlocutrice avait dû le remarquer, car déjà elle baissait les bras, qui glissèrent le long de son corps, et un petit sourire vint illuminer son doux visage. Ali poussa un soupir de soulagement, presque inaudible. Au fond d'elle, la jeune fille n'avait absolument aucune envie de combattre, et ce fut un vrai soulagement d'apprendre que cela n'arriverait pas. En tout cas, pas maintenant, ni avec cette fille. Celle-ci, répondait justement à son saluement de tout à l'heure. Alison en profita pour lui rendre gaiement son sourire.
Sa camarade se recoiffait tranquilement, passait un doigt sur ses lèvres. Ali la regarda se refaire une beauté sans un mot, puis, lorsqu'elle eut terminé, les deux filles se regardèrent quelques instants sans broncher. Puis Eugény brisa le silence qui venait de s'installer :

«Excusez ma réticence, j'ai craint avoir aperçu quelqu'un que je ne désirai pas voir.»

Alison sourit dans sa tête. Alors comme ça, elle parlait en language soutenue ? Ca la fit rire interieurement. Il devenait de plus en plus rare de trouver de telles personnes, qui parlait avec les mêmes mots qu'elle. D'un côté, cela l'amusait, et d'un autre, ça la rendait heureuse. Elle avait toujours estimé le language soutenu comme une "vraie" langue, et esperait que même les gens "normaux" parlent ainsi. Or, la personne qu'elle avait devant elle ne semblait pas venir du milieu le plus aisé qui soit. Bon, on ne pouvait pas dire non plus qu'elle était SDF, mais bon.
Elle lui répondit "simplement" :

«Il n'y a pas de problème, je pense qu'il est plutôt à moi de m'excuser, car je conçois totalement que j'ai dû vous effrayer en aparessant ainsi devant vous.»

Et, sur ces mots, elle lui sourit. Encore. Elle sentait qu'elle allait bien s'entendre avec cette fille. Enfin, ce n'était qu'un préssentiment ...

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