x.Lost Love.x (libre)

Nuit. Le ciel est sombre, illuminé d'étoiles, paillettes scintillant sur cette obscure toile. La lune brille et semble vouloir éclairer la clairière endormie. Quelques papillons de nuit volètent entres les herbes montantes tandis qu'une petite brise fraîche tord les brins. Je contemple ce doux paysage, admire la capacité qu'à la nature à créer tant de magnificence dans ce monde où tout ne me semble qu'être une laideur infâme souillant les esprits innocents et les âmes pures, brisant les cœurs enflammés par l'amour sans pitié aucune et accablant de chagrin les victimes de tant de cruauté. Moi, Esther, 167 ans, vampire végétarienne du clan de la Lune, ai connu l'une des pire souffrances qui soit. Il est terrible de perdre un être cher, tous êtres possédant un cœur s'accordent à le dire, il n'est pire chagrin que de perdre quelqu'un que l'on aime. Cela est bien pire lorsque l'on est responsable de la perte de cet être qui à notre cœur plaisait et dont la mort est comme une blessure à l'âme. Je ne puis oublier ce fait atroce qui me ronge l'âme depuis tant d'années. Je ne puis oublier le crime horrible que j'ai commis. Je ne puis oublier que j'ai tué, cause de ma nature de vampire, celle que j'aimais. Je ne puis oublier Sandra, qui sans moi aurait vécu bien plus que 16 ans et que j'aimais autant que l'adolescente que j'étais pouvait aimer. Ces remords, ces regrets, me tuent à petit feu. L'immortalité n'est rien à côté de la souffrance que j'éprouve. La mort, je la sens guetter mon désespoir, tel un charognard attendant la fin d'une mourante proie. Si seulement mon âme et mon cœur pouvaient se soigner de cette douleur, si seulement il existait un baume qui pourrait apaiser mes mœurs, peut être, alors, un sourire sur mon visage se dessinera et pourrais-je continuer à traverser les âges sans ce poids sur mes épaules épuisées et commençant à trembler.

Assise dans l'herbe, je fixe le ciel et son croissant de lune. Je respirais lentement, savourant l'air frais de la nuit, plongée dans mes pensées nostalgiques et douloureuse. M'isoler dans cette clairière m'apaisait. J'ai toujours été un peu solitaire, davantage depuis que je suis un vampire. La solitude est un bon moyen de s'évader. Trop de compagnie épuise et tape sur les nerfs. Se retrouver seul avec soi-même permet de se reposer, s'apaiser en écoutant la mélodie du silence. Il n'est, à mon âme, plus doux son que celui du silence. Le bruit agresse les oreilles et fatigue les nerfs alors que le silence est un baume apaisant qui fait planer l'esprit tourmenté et s'évader l'âme blessée. Je fais partie d'un clan, comme je l'ai déjà dit. C'est un choix. La solitude est certes apaisante, mais seulement à condition qu'on en use pas trop. Trop de solitude provoque l'ennui et allonge le temps. Il est bien désagréable de compter les heures passer. On ne peut rester éternellement à se poser dans le silence et la solitude, l'occupation est nécessaire, tout comme le contact avec autrui. Les herbes bruissent, troublent le silence. la solitude, dépitée, s'en va. Quelqu'un s'approche. Mes sens se mettent en alerte. Qui est-ce? Ami ou ennemi?...

Une odeur me parvînt, celle d'un vampire, un nomade. Une odeur masculine me picota le nez, mes yeux devinrent vitreux. La présence masculine me met mal à l'aise. Il en a toujours été ainsi, j'ai du mal à supporter les mecs, quelque chose en eux me répulse avec une force titanesque tandis que la douce et bonne odeur des filles m'attire comme un aimant, comme un papillon est attiré par la lumière. Le vampire sentait le sang animal, ce devait surement être un végétarien. Je pense que n'importe quel autre vampire de mon clan ce serait un peu plus détendu face à cette présence, mais d'instinct je reste méfiante. Le vampire s'inclina courtoisement. Je fus surprise par ce geste respectueux, peu d'hommes prennent la peine de montrer le moindre respect envers les femmes. La plupart sont trop attaché à leur soi-disant supériorité qui ne tient, en vérité, qu'à la taille de muscle. Mais, comme on dit, tout dans les muscles, rien dans la tête. Les femmes sont moins musclée que les hommes, mais elles ont le crâne bien rempli. Les deux sexes se complètent, mais la plupart des hommes aiment trop leur "supériorité". Il y a eu des luttes pour que les femmes obtiennent le respect et davantage de droits. J'admire les femmes qui se sont opposées aux hommes. Mais, malheureusement, il y aura toujours des machos et des sexistes. Bad world.
Le vampire vint s'assoir près de moi. Je me raidis. Il s'allongea dans l'herbe. Je ne bougeai pas d'un cheveux, telle une statue. Il sembla admirer le ciel un moment, oubliant, semblerait-il, ma présence. Puis il se redressa et me salua d'une voix neutre.

- Bonjour. Répondis-je par pure politesse avec une voix sombre et glaciale.

Silence. Je ne suis point bavarde. Je ne parle que le strict minimum et quand la courtoisie l'exige. Souvent, ceux qui viennent vers moi et espèrent discuter avec moi repartent bredouille, complètement dépités. Je suis toujours très froide et très silencieuse de prime abord. Je suis comme ça; toujours sur la défensive, toujours méfiante, seuls les plus patients sont mes amis, les autres préfèrent se diriger dans la voie de la facilité avec des personnes bien plus ouvertes et bien plus bavardes. Je n'ai pas beaucoup d'amis. Qu'importe, il veut mieux n'avoir que quelques amis sincères que plein d'hypocrites.